Inspiration

Unis-Vers

Intimement liée aux sens, cette œuvre porte en elle le rêve d’une communion parfaite entre les peuples, les différentes cultures ou croyances. 

La priorité donnée au langage, orchestre parfois un mélange d’idiomes et de mots diverses à la surface des tableaux ou encore dans les commentaires qui les entourent. L’œuvre d’art se trouve alors entourée d’un cocon de poésie, de proverbes et d’aphorismes, tandis que ces derniers vont et viennent entre le tableau et son entourage. On y observe une pratique picturale entre relief et impalpable, par laquelle la raison cartésienne s’effondre, tandis que la notion de rencontre et d’union s’affirme dans le champ de l’invisible. Quelque chose se cache dans une autre strate de la réalité, celle-là même qui n’est pas immédiatement perceptible, mais affleure à la surface des tableaux. L’acte de création devient une fonction naturelle consistant à reconnaître une autre dimension de nous-même. Chaque œuvre témoigne d’une soif de connaissance, mais d’une connaissance qui passe par des chemins détournés, par une spiritualité douce et limpide. Celle-ci implique de se dépouiller du rationnel et d’accepter de se laisser porter, autrement dit de se livrer en toute légèreté à un lâcher-prise essentiel. 

Pour l’artiste, il existe un champ de conscience dans la nature, une source de vie plus vaste à laquelle nous appartenons tous et par laquelle nous sommes reliés. 

Les lignes symbolisent ces liens et les couleurs, la joie de se savoir sans cesse en devenir. Notre regard évolue, chargé du pouvoir que l’instant présent nous procure, et nous aide à retrouver ce contact avec la source de notre existence, celle qui nous transporte vers cette vaste notion d’Univers, unis vers... 

Comme un élan de vie insufflé à ces œuvres, il faut y voir le reflet des tréfonds de nos âmes et leurs communions: leur union engagée dans un même voyage, une même direction.

IMPULSION AUX VOYAGES

Où les mots convergent, les intersections réunissent...

Les diverses calligraphies symbolisent des pays ou des continents éloignés les uns des autres. Leurs bases culturelles très différentes, apportent inévitablement la riche diversité de la pensée humaine qui incite au voyage.

Comme extraite d’une composition vivante, suivant une mécanique artistique qui mêle la conjugaison des couleurs aux intersections des lignes, de nouvelles formes se dégagent. Lettres et mots se métamorphosent en formes imaginaires qui rapprochent et unifient de façon poétique et vivante, la diversité des peuples. Il en résulte un travail intimement lié aux sens, de la vision au toucher, entre harmonie et sensualité, où la cadence suggérée devient un lien virtuel quasi musical. De ce mélange de signes, juxtaposés, entremêlés ou associés, naît l’idée d’une communion des cultures ainsi que celui des sens, en sauvegardant leur unicité.

CARPE DIEM

«Cueille le jour, sans te soucier du lendemain» (Horace)

Chiner çà et là au fin fond de soi, apprivoiser les subtiles sensations que nous renvoient les nuances les plus infimes, détecter son propre «centre de gravité» - cet axe central lié au bonheur de l’instant -, tout cela nous conduit à l’essentiel : écouter au-delà de la musique, percevoir au-delà des mots, sentir au-delà de toutes les interprétations jonglant avec nos émotions les plus alambiquées.

Avoir la chance d’être artiste, c’est pouvoir saisir les moments simples et fugaces comme les étincelles de l’enfance, ces sentiers débordant de couleurs qui se présentent à nous, et dont notre instinct capte l’intensité originelle. Je souhaite immortaliser les purs moments d’éveil à l’amitié ou à l’amour, et intensifier le lien divin qui unit tous les artistes – car nous le sommes tous d’une façon ou d’une autre. Malgré les épreuves accablantes de ma vie, je tente d’offrir les reflets de la mystérieuse allégresse qui me conduit, et ainsi rendre hommage à la vie fascinante que l’on m’a offerte.

ABB 

 

LE BAIN DE FORÊT

Cinq heures du matin, immergée dans une forêt Tropicale improbable, en pleine saison des pluies, je frissonne au contact d’une myriade de verts obscurs inimitables, de rouges claquants et scintillants dans l’ombre luxuriante. Toutes formes de vie de la planète mère semblent ici présentes, et rappellent virilement la force de vie où se côtoient voluptueusement l’infiniment grand et l’infiniment petit. Chaque centimètre de cette terre noire ou rouge est pourvu de vie, végétale, animale, minérale, tout y semble permis et rien dû au hasard. Les gigantesques palmes amplement déployées vibrent comme des djembés sous une pluie battante, étouffant de leurs sons graves, le sifflement strident d’invisibles oiseaux. Des feuilles robustes, résonnent sous les coups de tambours battants, les bleus verts tremblants font miroiter des reflets bigarrés étincelants. Une odeur de sève exhale, l’humus suave se libère, l’univers fourmille. Les animaux nichés dans l’ombre, se taisent, graduellement. Les coassements tonitruants des crapauds Buffle, au compte-gouttes, semblent colporter le signal aux braillements rauques des grands singes grincheux.

Les fougères monumentales, aux allures de fossiles vivants, s’étalent généreusement, évoquant les mânes des ancêtres aux effluves douceâtres gorgées d’humidité. Goutte après goutte, je me glisse dans ce temps dont le rythme m’apprivoise en battant la mesure. Démultiplié, ce magistral vacarme s’accélère en cadence, mon rythme intérieur bat de pair, des odeurs âpres d’humus me font chavirer. Mon esprit vagabonde sans but ni contrainte, je crois saisir le sens que recèle cette éruption de sons qui rebondissent en échos, j’en englobe l’essence. Ma pensée balbutie, incapable de ne pas associer à ces sons fondamentaux leurs caractères chamaniques, en communiant avec ce qui semble n’avoir subi aucun changement depuis la nuit des temps. La pluie s’apaise, de gigantesques papillons s’affolent, des oiseaux inconnus gloussent la dernière goutte d’eau, la vie se ressaisit au soleil levant, un nouveau prodigieux concert décuple de force.

Piaillements, crissements, gazouillements, hululements de provenances indéterminées percent çà et là, démultipliés en ricochet sur l’épaisseur végétale. Je me sens rassasiée, j’appartiens à la création, elle fait partie de moi. Alors, comblée, je tente de contenir l’intensité de mon émotion et la stabiliser, l’étirer comme une liane, pour profiter de cet appel, cet apaisement profond, le bonheur de se sentir en phase, centrée, lovée dans cet air suspendu.

 ABB 

LUNE COURTISANE

Second nombril du monde, arcane du futur,
Caresse les yeux de l'âme, d'où ses lueurs émanent.
Ce fossile vagabond aux copieuses lectures,
Adresse vers les cieux ses splendeurs diaphanes.

D'un regard se faufile l'astre rond tamisé,
Forteresse pour ceux dont la bonté se fane,
Camaïeux évangiles pour les yeux médusés,
Refuge prometteur aux adieux des profanes.

Artistes ou poètes, voyageurs ambulants,
Entre plume et enclume, circule sous vos paupières,
D'un sillon minuscule à l'infiniment grand,
L'épiderme lunaire au poids de l'univers.

Innovante pionnière, imposante doyenne,
Liant les hommes au ciel, dans un demi-sommeil,
Tu aspires le temps, tournoyant sur toi même
Restituant aux diseurs leur part de soleil.

ABB

En hommage à Guillaume qui parlait par la lune